Prairie du Chien, prononcé « prairie doo sheen »

L’approche de l’été était particulièrement chaude quand le père Jacques Marquette, de Laon, France, et Louis Jolliet, de Québec, sont arrivés dans l’estuaire de la rivière Wisconsin. Là, ils ont vu devant eux le majestueux Mississippi, la grande voie navigable qu’ils étaient venus explorer. Leurs canots d’écorce ont glissé sans risque dans les eaux du puissant fleuve « avec une joie que je ne peux pas exprimer » a écrit Marquette. C’était à la mi-juin 1673 à proximité de Prairie du Chien, inhabité à l’époque.

En 1685, Nicolas Perrot de Darcy en Bourgogne, France, érigea un poste saisonnier de traite des fourrures qu’il baptisa Fort Saint-Nicolas à l’extrémité sud de la prairie encore sans nom qui avait 14,5 kilomètres de long et qui se trouvait juste au-dessus du confluent des deux cours d’eau. Le commerce fleurit en attirant des voyageurs que les peuples autochtones appelaient « les hommes du nord » (les nordiques).

On raconte que le fort aurait été rénové en 1754 par Paul Marin de La Malgue, un Montréalais qui était le commandant du fort de La Baye verte, aujourd’hui la ville de Green Bay. Les premiers colons arrivèrent durant cette période, parmi eux, Jean-Marie Cardinal et son épouse Élizabeth Pelletier dite Antaya et avant eux la famille DesChiens de souche normande. Prairie du Chien est née du dynamisme du troc et des relations d’affaires au Pays des Illinois.

Un nom encore mystérieux

L’histoire du nom de Prairie du Chien, dont la prononciation anglaise est « prairie doo sheen », reste toujours un mystère. Selon certains historiens anglophones, la prairie, d’après laquelle la ville fut nommée, portait le nom d’un ancien chef, appelé Chien, de la tribu des Renards qui occupait l’endroit.

Mais il existe une autre version toute aussi valide. Selon Michel Brisebois, propriétaire officiel du lot 12 (en bleu), la prairie était connue dans la Francophonie comme étant la prairie à DesChiens, d’après le nom d’une famille ancienne qui habitait la prairie après la fin des dernières hostilités avec les Renards vers 1740. Prairie des Chiens ou « prairie dee sheen » a conservé son appellation jusqu’aux années 1820 tel qu’en fait foi le plan anglais de la colonie majoritairement française (ci-dessus).

Ce qui est encore plus intéressant et fascinant à la fois est le fait que la colonie a conservé son nom français à travers le régime anglophone. Une anecdote à ne pas oublier !