Epes, un bastion jamais attaqué

Plan du fort Tombecbé en 1737

La construction du Fort Tombecbé, situé près de la ville contemporaine d’Epes, dans le comté de Sumter, fut terminée en 1737. Ce fut l’un des quatre forts majeurs construits par les Français au début du 18ème siècle dans l’actuel État de l’Alabama.

Comme Fort Toulouse, Fort Tombecbé a été érigé pour protéger les intérêts de la France en Amérique de l’expansion des Anglais vers l’ouest dans la Grande Louisiane française. Le fort servait également de poste de traite, solidifiant ainsi les relations de la Nouvelle France avec les Chactas qui étaient pour les Français les alliés les plus puissants de la région. Après avoir été négligé pendant un certain temps, Fort Tombecbé a fait l’objet de multiples fouilles archéologiques depuis 1980 par l’université West Alabama.

Une très bonne défense naturelle

Photo Kent, Jane & Squirt

Les récits historiques suggèrent qu’un grand village Chacta existait près du fort, et que des soldats et des marchands français et canadiens auraient exploité des fermes à l’extérieur des fortifications. Bordé à l’est le long de la rivière Tombecbé par une falaise abrupte de près de 25 mètres de haut et au sud par une gorge profonde, l’emplacement du fort avait une superbe défense naturelle. Sur les versants nord et ouest une palissade de plus de neuf mètres de haut protégeait la colonie. Le site n’a jamais été attaqué. En 1763 suite au Traité de Paris, Fort Tombecbé fut cédé aux Anglais et prit le nom de Fort York.

Photo John Stanton

Le service militaire au Fort Tombecbé en milieu isolé constituait pour les soldats de marine une épreuve difficile. C’est pourquoi les soldats étaient mutés chaque année. L’approvisionnement en bateau à partir de l’île Dauphin et La Mobile manquait de continuité, et il y avait souvent des pénuries de farine, de vêtements et de marchandises pour répondre à la demande des Amérindiens. En outre, les Chactas se plaignaient régulièrement que les Français n’avaient pas assez de produits, ce qui rendait le troc avec les Français vulnérable à la concurrence par des commerçants anglais bien fournis dans la région.

La capacité de la France à conserver la Grande Louisiane dépendait largement de ses alliances avec les peuples autochtones. Au Fort Tombecbé, une fraternité avec les Chactas était essentielle pour la protection du patrimoine, ainsi que pour la nourriture et les denrées nécessaires à la vie quotidienne. Les annales d’histoire indiquent que les femmes Chactas ont contribué d’une façon importante aux tâches domestiques quotidiennes du fort, telles que la cuisine et le lavage des uniformes, de 1737 à 1763.