Fort Cavagnial (Leavenworth), la connexion française à Santa Fé

Le 8 août 1744, le commerçant français Joseph Deruisseau érigea un poste de traite fortifié près du confluent des rivières Missouri et Kansas.  Le site pouvait se situer à environ cinq kilomètres au nord de l’actuel Fort Leavenworth (un fort américain construit en 1827), en face de Weston dans le périmètre de l’actuelle métropole de Kansas City (Kansas). 

Une interprétation artistique du Missouri en 1804 vu de l’endroit où était situé Fort Cavagnial (photo Arthes)

L’emplacement fut baptisé Fort Cavagnial en l’honneur du gouverneur de la Grande Louisiane Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial, originaire de Québec. Le premier commandant du fort fut François Coulon de Villiers, né à Verchères (Québec). Après le Traité de Paris de 1763, le fort fut abandonné, mais Villiers continua ses fonctions militaires sous l’administration espagnole de la Louisiane française. Il fut en garnison à Natchitoches et devint alcade (maire) du cabildo espagnol de la Nouvelle-Orléans. Au cours de leur expédition Lewis et Clark visitèrent les restes du vieux fort français le 2 juillet 1804. Ils ont écrit avoir vu « des restes de cheminées et le dessin général des fortifications ».

Un lieu stratégique

Au plus fort de ses opérations, pas moins de 50 militaires et plusieurs civils habitaient Fort Cavagnial et ses environs. Le lieu était stratégique car il permettait de contrôler le Missouri. Les Autochtones y avaient aussi établi un campement important. Le site fut découvert en 2012 sur une ferme dans les environs immédiats du cimetière communautaire de Kickapoo près de la piste de Santa Fé et du vieux Fort Leavenworth.

La rivière Canadian coule en parallèle à la piste de Santa Fé (Carte du National Park Service des États-Unis)

Plus de 80 ans avant l’ouverture de la piste de Santa Fé en 1821, les frères Pierre-Antoine et Paul Mallet de Montréal furent les premiers Blancs à avoir traversé en 1739 les grandes plaines du Kansas d’est en ouest pour atteindre Santa Fé, fondé en 1607 au Nouveau-Mexique. Ils partirent d’abord de Kaskaskia au Pays des Illinois. La plaque historique de la Société Chouteau à Kansas City portant sur la piste de Santa Fé nous apprend que la première exploration de la piste et son utilisation pour le commerce ont été effectuées par des Canadiens-français du Pays des Illinois que se rendaient annuellement aux foires de Taos dans le territoire du Nouveau-Mexique.

La piste de Santa Fé près de Watrous, Nouveau-Mexique (Photo National Park Service)

Dans la première moitié du 18ème siècle Étienne Véniard de Bourgmont a tenu un grand rassemblement (pow-wow) avec les Apaches et autres tribus au pays des Cansès. Il obtint d’eux un accord par lequel les Français pouvaient parcourir la piste de Santa Fé en toute sécurité. Des voyages en groupes organisés suivirent, notamment en 1749 et 1752. Les premiers voyageurs canadiens-français avaient prédit avec raison le transport par voie terrestre de « vivres et vêtements en caravanes de wagons » directement de Kawsmouth (Kansas City) à Santa Fé.