Le calumet de la paix fumé à Tulsa en 1719

La rivière Verdigris, à l’est de Tulsa (Oklahoma). Photo Keith Stokes

Saviez-vous que les Français ont foulé le sol de l’Oklahoma dès 1719, un an après la fondation de La Nouvelle-Orléans. Bénard de la Harpe, originaire de Saint-Malo, France, et son équipe ont remonté la rivière Rouge jusqu’à proximité d’Idabel dans le sud de l’Oklahoma.

À cheval ils se sont dirigés vers le nord où ils ont pénétré dans les montagnes Ouachita avant de virer vers l’ouest près de Hochatown où ils auraient vu des licornes (soulignées en blanc sur le schéma ci-dessous). Le 3 septembre, après 23 jours de randonnée, ils arrivèrent à un grand village amérindien habité par quelque 8000 autochtones de neuf tribus distinctes de la Première Nation Wichita, notamment les Taovayas.

Partie de l’ouest de la province de la Louisiane (carte de 1720 de Bénard de La Harpe)

Fumer le calumet de la paix

Les Français furent honorés par des cérémonies du calumet de la paix. Ils restèrent au village une dizaine de jours. Une fouille archéologique effectuée par l’université de Tulsa en 1988 a révélé la présence des Français, par des pièces de fusil de fabrication française ainsi que le site de cette alliance historique sur les bords de la rivière Arkansas à l’extrémité sud de Tulsa, la deuxième plus grande ville de l’Oklahoma.

Les licornes vues par La Harpe auraient été des cerfs mulets dont les bois sont plus droits que ceux des cerfs de Virginie et dont la taille des oreilles équivaut à celle des mules. Aujourd’hui, la région de Hochatown s’affiche fièrement comme la « capitale mondiale du cerf ». Sa renommée remonte à 1719…

Site du village au bout de la rivière Arkansas (photo State Historic Preservation Office)

À la confluence de la rivière Arkansas et du ruisseau Deer Creek, près de l’actuelle communauté de Newkirk dans le nord de l’Oklahoma, il y avait un village Wichita sans nom de 3000 âmes. Pour les Louisianais francophones ce « village au bout de la rivière » était situé là où les grands canots ne pouvaient plus naviguer. De 1720 à 1760 plusieurs Français, Canadiens et Créoles y ont pris résidence parce qu’à cet endroit on y transformait le gibier en viande pour la Basse-Louisiane. La fabrication du pemmican, une viande séchée qui pouvait être facilement conservée, était le principal produit. Vers 1762, une guerre entre peuples autochtones a forcé les villageois à se déplacer vers le sud sur les berges de la rivière Rouge. Cette communauté méconnue et complètement oubliée fut la première colonie blanche de l’Oklahoma. Elle est inscrite au National Register of Historic Places des États-Unis sous le nom de Deer Creek Site.

Anciennement la Grande Saline (photo courthouselover)

Là où le ruisseau Saline Creek se jette dans la rivière Neosho, Auguste Pierre Chouteau, un noble marchand de Saint-Louis, a érigé un poste de traite en 1796 nommé « La Grande Saline » (aujourd’hui Salina) pour troquer en français avec le peuple Osage. Les premiers colons étaient francophones et la plupart d’entre eux ont épousé des amérindiennes. Cette mixité culturelle est typique de l’A.D.N. de l’Amérique française.

Au nord de Tulsa…

La rivière Verdigris (voir l’image en tête), longue de 560 kilomètres, est un affluent de la rivière Arkansas et une légende du Grand Ouest. On raconte qu’au fil des ans plusieurs postes de traite furent érigés le long de ses berges. Son nom est français, « vert-de-gris », eaux d’un vert grisâtre.

Saviez-vous qu’en 1719 Claude-Charles Du Tisné, originaire de Paris en France, négocia avec les Premières Nations des plaines, notamment les Missouris, les Osages et les Wichitas, un droit d’explorer les plaines de l’Ouest. Selon plusieurs archéologues, Du Tisné remonta la rivière Verdigris pendant l’été 1719 jusqu’à l’actuelle communauté de Neodesha où se trouvait le grand village des Wichitas, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Toronto, Kansas.

Photo Calumet City Hall

Aujourd’hui, à travers l’Oklahoma, les faits français sont des empreintes à découvrir, par exemple, Calumet (peace pipe en Anglais) est une ville du comté Canadian dans la grande région métropolitaine de la ville d’Oklahoma. En 1803, cette région faisait partie intégrante du territoire compris dans l’achat de la Louisiane. En outre, on dit que les communautés de Poteau et de Manard (nom de famille) sont des noms qui remontent au début de l’histoire des États-Unis quand le Français était la langue de travail de l’économie du commerce des fourrures à l’intérieur de l’Amérique du Nord.