Les secrets du Fort de La Boulaye (Phoenix)

Site du Fort de La Boulaye (photo Varing)

Phoenix est un hameau près de Pointe à la Hache dans la paroisse de Plaquemines sur la rive orientale du Mississippi le long de la route 39 à une vingtaine de kilomètres au sud de la Nouvelle-Orléans.

Elle est la communauté la plus proche du Fort de La Boulaye, un lieu historique national des États-Unis depuis 1960, qui fut édifié par les frères Le Moyne, Pierre d’Iberville et Jean-Baptiste de Bienville, pour soutenir la revendication du fleuve et de la vallée du Mississippi par la France. La construction du fort débuta en 1699 et se termina en 1700. Il fut construit en pieux avec quatre bastions suivant le modèle Vauban et il était défendu par six canons pour se défendre contre les attaques et les incursions possibles des Anglais et des Espagnols. Il fut baptisé à l’origine Fort Mississippi pour être ensuite renommé Fort de La Boulaye d’après le nom du lieutenant qui dirigea sa construction.

La plus grande ruse de tous les temps…

En 1707, les Caddos, hostiles à une présence militaire, forcèrent les soldats à quitter le fort. Ceux-ci rejoignirent Biloxi. Seul, l’officier Louis Juchereau de Saint-Denis, un ami des Caddos, fut autorisé à y rester et à y recevoir des visites occasionnelles des troupes françaises. Finalement, au milieu du 18ème siècle le fort devint inoccupé. Au fil des ans les ouragans et les tornades finirent par le détruire. Au 20ème siècle, des archéologues localisèrent le site du fort grâce à la découverte de canons français.

Imaginez à quel point l’histoire de la Grande Louisiane française aurait été différente si Bienville n’avait pas convaincu les colons anglais à bord du Carolina Galley de faire demi-tour !

A quelques kilomètres au nord du Fort de La Boulaye dans un grand virage du Mississippi avant d’arriver à la Nouvelle-Orléans se cache un autre secret d’histoire de 1699 intitulé « English Turn » (le virage des Anglais). Il a été révélé par monsieur de Remonville dans ses écrits sur la renommée d’Iberville. On dit que c’est la plus grande ruse de tous les temps perpétrée en Louisiane. Voici la chronique…

Le 6 septembre 1699, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville descendait le Mississippi avec quatre compagnons dans deux canots. Au grand virage de trois lieues (14,4 kilomètres de long) il rencontra le Carolina Galley, un vaisseau anglais avec des douzaines de colons sur le pont. Bienville saluant le capitaine Lewis Banks lui dit simplement qu’il était sur un cours d’eau en territoire français protégé par plusieurs forts bien armés et que le Mississippi se trouvait beaucoup plus à l’ouest. Sur la foi de ces paroles et sachant qu’il y avait une multitude de bayous qui menaient nulle part, les Anglais crurent naturellement ne pas avoir trouvé le Mississippi. Ils rebroussèrent alors chemin en faisant volte-face.